Lens : JPP regle ses comptes

JPP règle ses comptes




Muet depuis la rétrogradation du RC Lens, Jean-Pierre Papin est sorti de son mutisme dans une interview explosive. Le désormais ex-entraîneur des Sang et Or refuse d’endosser seul la responsabilité de l’échec sportif.


« Je voulais prendre du recul, digérer, observer ce qui allait se passer. J'ai préféré ne pas m'exprimer à chaud et céder à la rancœur. J'étais venu pour m'inscrire dans la durée. J'aurais aimé être l'entraîneur de la remontée en L1. Je l'ai d'ailleurs plusieurs fois proposé au président. Gervais Martel en a décidé autrement, j'accepte sa décision. Et je salue les nombreuses personnes qui m'ont envoyé des messages de sympathie. » A première vue, l’interview de Jean-Pierre Papin accordée mardi à nos confrères de Nord Eclair avait tout de l’habituel et diplomatique « au revoir » du fin de saison. Mais seulement à première vue… Car après trois semaines de mutisme, JPP avait beaucoup de choses sur le cœur. Et le désormais ex entraîneur des Sang et Or a eu besoin de les déballer.

Premier motif de grief : la manière dont s’est déroulé son départ. « Je n'ai pas apprécié la façon dont les choses se sont passées, reconnaît Papin. J'ai appris par la télévision la conférence de presse annonçant l'arrivée d'un nouveau staff à Lens. Officiellement, je n'étais pas au courant. J'ai été mis devant le fait accompli. » Surtout, JPP a le sentiment aujourd’hui d’être le seul à payer les pots cassés. « Je ne veux pas être tenu pour seul responsable de la rétrogradation du Racing en L2. Car lorsque je vois la réorganisation du staff technique, je constate que finalement, je suis le seul à être écarté... Enfin presque. On pourrait évoquer le cas de Sébastien Migné (ndlr : son adjoint, écarté au mois de janvier). Pendant un moment, il a porté seul la responsabilité de la déroute. Bizarre. »

« Leclercq ? J'ai été son adjoint pendant six mois »

Encore plus difficile à digérer : sa relation avec Daniel Leclercq. « J'avais demandé à Gervais de faire venir Jacques Santini pour m'aider, explique Papin. Il m'a imposé Daniel Leclercq. Il a assisté à son premier entraînement derrière les fenêtres des cuisines de la Gaillette. Il a vite fait savoir que je n'étais pas assez bon pour lui. Il disait vouloir plus s'investir pour réussir, c'est-à-dire : prendre ma place. Son entourage proche m'a demandé de le laisser faire, d'apprendre et de lui donner les clefs. De toute façon, je n'ai pas eu le choix. Le président a été très clair : il a imposé comme seul décideur Daniel Leclercq. » Dans ces conditions, JPP ne veut pas tout assumer : « Je veux bien être tenu responsable des quatre mois que j'ai passés seul à la tête de l'équipe. Mais pas du reste... »

Aujourd’hui, l’ancien entraîneur du RC Lens regrette ces six mois de collaboration avec le Druide. « Je m'en mords les doigts. Je n'aurais jamais dû accepter de travailler avec lui. Durant cette période, j'ai oublié qui j'étais et ce que j'avais fait dans le football. Je suis quelqu'un de respectueux. Mais j'ai payé bien trop cher le prix du respect. J’ai accepté pour le bien du RCL, pour essayer de sauver le club et parce que Gervais Martel me l'avait demandé. J'ai été son adjoint pendant six mois. Je n'ai pris aucune décision majeure, à commencer par les compositions d'équipe. Je n'ai dirigé aucun entraînement à 100%. Je n'ai effectué aucune causerie si ce n'est deux mots par-ci par-là. Et il y a pire... J'ai été discrédité à plusieurs reprises avec virulence devant les joueurs (…) Je suis très déçu du personnage et de sa façon de procéder. Et puis, je pense que le foot a beaucoup changé... Ça, il ne l'a pas compris. Désormais, les joueurs attendent autre chose. À tort ou à raison mais c'est ainsi. »

Lens : Martel répond à Papin


Suite aux déclarations de Jean-Pierre Papin dans les colonnes de Nord Eclair, Gervais Martel a tenu à répondre via le site officiel du RCL. Le président du Racing évoque « une responsabilité collective » et dit comprendre « l’amertume » de son ancien entraîneur.


Communiqué de Gervais Martel (président du Racing club de Lens)
Jean Pierre Papin, à qui il restait un an de contrat, a été averti par mes soins le 22 mai dernier, de mon souhait de modifier l’ensemble du staff de l’équipe professionnelle.
Les résultats du club, du 15 novembre 2007 au 6 janvier 2008, ont été catastrophiques (3 défaites, 2 nuls, 1 victoire pour 4 matchs à domicile), tant en championnat qu’en coupe de France.
Nous lui avons donc proposé d’être aidé par Daniel Leclercq. J’ai attendu l’accord des 2 hommes avant d’entériner cette décision le 10 janvier.
La descente en Ligue 2 est une responsabilité collective, à tous les niveaux sportifs. Je comprends l’amertume de Jean Pierre Papin, mais je ne pensais pas qu’il se serait dédouané de la sorte. Le métier d’entraîneur est compliqué ; il trouve sa force et sa réussite dans un travail d’équipe et dans le fait d’assumer individuellement les bonnes et les moins bonnes choses.